Depuis trois mois, j’étudie et je vis à Londres. Et j’ai encore du mal à y croire! Mon premier trimestre à la Royal Academy of Music (RAM) est passé à toute vitesse. C’était un saut dans l’inconnu, mais j’ai vite pris le rythme et je suis désormais le courant avec bonheur.

Depuis que j’ai participé à une master class sur la musique ancienne en 2019, je sais que je veux me consacrer à la musique baroque et à la pratique instrumentale historique. Après ma maturité, j’ai donc obtenu un bachelor en violon baroque à la célèbre Schola Cantorum Basiliensis. Mais à l’époque, déjà, je lorgnais sur une formation à la Royal Academy of Music de Londres. Et voilà que j’y suis!

Si la Schola Cantorum Basiliensis, avec ses 200 étudiants, est l’une des plus grandes écoles de musique ancienne, l’institut de Historical Performance (HP) de la RAM est beaucoup plus petit: nous ne sommes que 19 à avoir choisi cette spécialité, dont quatre violonistes. L’avantage d’une telle configuration, c’est que nous jouons beaucoup, car les violons sont très demandés. Chaque mois, l’institut HP organise une série de concerts, les Resounding Shores. On y entend des chefs-d’œuvre anglais datant d’entre la dernière période de l’époque élisabéthaine et la fin du XVIIe siècle. Le concert de novembre était une collaboration avec le Dunedin Consort, un célèbre ensemble écossais spécialiste de la musique baroque.

Cela a été extrêmement enrichissant de pouvoir jouer avec des musiciennes et musiciens de cette envergure! Nous avons fait un concert à Édimbourg qui a reçu les éloges de la presse.

En dehors de mes études, je suis stagiaire de l’Orchestra of the Age of Enlightenment. Dans ce cadre, j’ai déjà pris part à deux week-ends intensifs. En un court laps de temps, nous avons travaillé des programmes de concert d’une durée de plusieurs heures. C’est comme cela que l’on fait en Angleterre: beaucoup de musique, de longs concerts, mais un minimum de répétitions. Je ne suis pas encore très habituée… Si je devais raconter un moment fort de ces derniers mois, je parlerais de ma participation à la répétition de l’Academy of Ancient Music pour une représentation du Messie (on peut difficilement éviter Le Messie quand on travaille à Londres…). Jouer dans cet orchestre dont je connais les enregistrements depuis l’enfance a été pour moi très émouvant.

Autre épisode mémorable, le Brecon Baroque Festival de Rachel Podger. Rachel est professeure invitée au RAM. À la fin d’un cours début octobre, elle nous a invités tout naturellement, deux de mes camarades et moi, à jouer dans l’orchestre du festival. Nous sommes donc partis au Pays de Galles (une aventure en soi!) pour jouer avec elle. C’est un souvenir qui m’emplit de fierté et de gratitude!

J’apprends également énormément au sein du Belsize Baroque Orchestra, un orchestre amateur dans lequel je suis Leader Scholar pour un an. J’ai déjà participé à deux projets en tant que premier violon. C’est une expérience très instructive. Toute mon attention doit être dédiée au jeu de mes collègues. Cela me demande d’être bien préparée, ce que je fais en analysant et en étudiant scrupuleusement la partition. Lors des répétitions, je m’efforce d’avoir l’air sûre de moi. C’est un bon exercice, qui m’aide à prendre confiance en moi en tant que violoniste. Le travail avec les musiciens amateurs me plaît énormément. La joie qu’ils prennent à jouer est contagieuse! J’attends avec impatience les projets des prochains mois, où je jouerai comme soliste.

Si je peux aujourd’hui réaliser mon rêve, c’est en grande partie grâce à la Fondation Fritz Gerber: je lui exprime toute ma reconnaissance!