Sara J. Ben Ali
Chanteuse/étudiante en écriture de chansons
Après un premier trimestre riche d’idées et de propositions, j’ai été brutalement catapultée dans une réalité d’une grande pauvreté artistique. Ma première partie de la tournée européenne de Mark Cawley? Annulée. La planification de la première partie de la tournée World of Dance en tant que chanteuse de Sony? Interrompue. J’ai fondé une maison d’édition musicale pour faciliter la cession sous licence de mes œuvres, mais mes projets ont été annulés ou reportés. Comme presque tous, à dire vrai. Je donnais environ six représentations chaque mois parallèlement à mes études: ce chiffre est descendu à zéro. Après de longues nuits, où j’étais plongée dans mon travail pour pouvoir tenir les délais qui s’enchaînent, j’ai découvert l’ennui. Rien de très exaltant pour une artiste ambitieuse. Que pouvais-je faire?
Rester en Suisse en attendant mieux et me concentrer sur les cours à distance? Le cauchemar! Je me sentais portée par l’esprit d’entreprise, la philosophie du «Let’s do it». En Suisse, je ne pouvais plus exploiter les ressources mises à ma disposition par le California Institute of the Arts (CalArts), et la «calartian family» me manquait. Évidemment, j’étais certaine de vouloir continuer la musique à tout prix, mais entièrement isolée et enfermée chez moi, il n’était pas facile de trouver l’énergie et la motivation nécessaires. J’ai décidé d’utiliser ce temps pour me perfectionner ou acquérir de nouvelles connaissances. Après tout, ce n’est pas tous les jours que l’on dispose ainsi d’une quasi-année de liberté. J’ai commencé par développer mes capacités de production, mais j’ai bien vite constaté qu’il me manquait l’endroit adéquat pour enregistrer (je ne pouvais malheureusement pas transformer mon salon en studio).
J’ai essayé de me lier avec d’autres membres de l’industrie musicale suisse, pour ne pas «périr» de solitude artistique. J’ai ainsi discuté avec des musiciennes et musiciens d’horizons divers. Tous critiquaient l’industrie de la pop music helvétique. À les entendre, les Suisses manqueraient encore en ce domaine de largeur d’esprit, la réussite serait une histoire de relations et les personnes issues de minorités auraient moins d’opportunités pour montrer leur talent.
J’étais très étonnée, si bien que j’ai aussitôt entrepris d’analyser les statistiques (d’autant qu’il n’y avait pas grand-chose d’autre à faire). Et j’ai en effet constaté des disparités entre les sexes, les styles de composition et la compétitivité des créateurs suisses.
C’est de là qu’est née mon idée pour à la fois résoudre mon problème d’enregistrement et contribuer à combler ces écarts: j’allais monter mon propre studio, un lieu pour les personnes statistiquement sous-représentées dans le milieu de la musique. Un espace pour les femmes et les personnes de la «LGBTQ+ community of all colors» (acronyme pour lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et queer ou en questionnement+). La proposition ne se limiterait pas à des réservations de sessions d’enregistrement, ni à mes seuls projets, mais inclurait aussi activement des formations et un accompagnement à la création pour les artistes. L’échec y serait permis et même souhaitable, tout comme le succès, conformément à la devise: l’art pour l’art. Pas de limites, pas de renoncement. Un petit CalArts au cœur de Zurich, en somme.
J’ai demandé de l’aide à mon mentor californien pour la logistique et le financement. Pour faire court, en mai 2020, mon mentor, quelques amis et moi-même avons commencé à construire le studio de fond en comble – littéralement, puisque nous avons débuté avec l’érection de murs insonorisés et la pose du sol. Nous investissions beaucoup de temps et de passion dans le projet, ralenti par les restrictions liées au coronavirus et aux limites budgétaires. La fin des travaux était prévue pour la mi-janvier 2021.
Mes amis ne sont pas les seuls à m’avoir activement aidée, mes professeurs de la CalArts m’ont également soutenue avec leurs connaissances et leur savoir-faire. Par ailleurs, je me suis inscrite à plusieurs cours d’électrotechnique à l’EPF, que j’aurais de toute façon dû suivre à la CalArts, ou qui pouvaient m’aider dans mon projet.
C’est ainsi que je passe désormais la pandémie: la nuit, je suis les cours de la CalArts, le jour ceux de l’EPF, et le reste du temps, je construis le studio ou je planifie des travaux de composition – tout cela grâce au généreux soutien de la Fondation Fritz Gerber.
Cette année a tout bouleversé et elle m’a mise à rude épreuve
Même si mes morceaux enregistrent un nombre d’écoutes croissant et que j’ai même atteint pour la première fois un point de bascule avec mon dernier single «Waistd», la pandémie m’a appris à ne pas me reposer sur un nombre limité de compétences. Mes professeurs de la CalArts m’ont soutenue dans l’acquisition de nouvelles aptitudes. Ce faisant, ils m’ont prouvé que cette école était l’endroit qu’il me fallait pour me dépasser. Une fois encore, je suis très reconnaissante à la Fondation Fritz Gerber du soutien qu’elle m’apporte et des opportunités qu’elle m’offre.
Pour ceux qui s’intéressent à mon projet ou qui souhaiteraient en savoir plus sur mon activité artistique, sous le nom de scène de Sara Brown, voici quelques liens:
Webseite: bandtentertainment.com | iamsarabrown.com
Instagram: @sarabrownmusic
Spotify: Sara Brown
YouTube: Sara Brown
Sara J. Ben Ali
janvier, 2021
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